Sommaire : Cinq questions à Frédéric Kaplan | L'actualité de la semaine | La recherche en pratique| Enseignement | Théories et concepts | Manifestations | Le livre de la semaine |
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Asti-Hebdo : Dans votre livre "La naissance d'une langue chez les robots", qui vient de sortir chez Hermès Science, vous parlez de "sens" pour les machines. N'est-ce pas de la provocation ?
Frédéric Kaplan. : Sur les questions de langue, tout le monde a son idée. Cela nous donne l'impression que nos recherches touchent vraiment les gens, mais nous vaut souvent, à l'ouverture du dialogue, des questions un peu dures.
Nous nous rassurons en abordant les problèmes de manière technique. Mais, même sous cet angle, nous sommes confrontés à des situations qui posent de vraies questions. Et nous sommes conduits à parler de sens puisque des robots se construisent une représentation du monde et, avec un certain arbitraire, choisissent des termes pour le décrire et pour échanger à son sujet.
Deux robots différents, ou le même robot à deux moments différents, ne parviennent d'ailleurs pas exactement à une même solution. L'un cherche la discrimination par des précisions sur la position (plutôt au centre, à droite, vraiment à droite..). L'autre insiste sur la couleur (rouge, telle teinte précise de rouge). Même quand les robots utilisent des caméras de même type et le même jeu de capteurs, ils n'organisent jamais leur perceptions exactement de la même façon. On peut même imaginer que l'analyse de la scène faite par les robot les conduise à quelque chose de compliqué, de difficile sinon impossible à exprimer dans notre langue à nous.
Hebdo : En l'occurrence, qu'entendez-vous par "langage" ?
F.K. : Dans les expériences les plus simples, il s'agit d'un jeu de chaînes de caractères pour désigner différentes objets placés sur un plan, et qui peuvent se différencier par leur forme, leur couleur ou leur position.
Nous avons fait aussi des expériences avec transmission sonore. Cela rajoute une difficulté supplémentaire car des erreurs peuvent survenir, mais c'est nécessaire si on veut, par exemple, voir apparaître un langage entre des robots et des humains ou entre des "robots de compagnie" de différentes marques.
Nous faisons toujours une hypothèse de base : nos robots ne font pas de télépathie. Ils ne peuvent pas savoir "ce qu'il y a dans la tête" des autres robots que par le biais du langage qu'ils construisent.
Hebdo : Etes-vous réductionniste ?
F.K. : Pas du tout. L'explication ne se trouve pas au niveau le plus bas. En matière de capacité langagière, la question n'est pas de revenir aux neurones, et je suis pessimiste quant aux résultats de ceux qui espèrent qu'à force d'augmenter le nombre des composants neuronaux, il va finir par se passer quelque chose.
C'est un peu comme la mécanique des fluides. On a beau connaître leurs lois microscopiques, elles ne permettent pas pour autant de comprendre les lois de formation et d'évolution d'une rivière. Même s'il y a déterminisme au plan neuronal, la compréhension du langage se fera à un autre niveau, et avec des formes d'abstraction appropriées.
Hebdo : Vos recherches pourraient-elles s'appliquer au domaine de la communication entre machines, par exemple pour le commerce électronique. Une sorte de construction automatique de standards EDI ?
F.K. : Nous rencontrons parfois des gens qui travaillent sur le dialogue entre agents. Dans l'optique de nos travaux, on pourrait parler d'agents qui, petit à petit, négocieraient leurs normes d'échanges, de manière non centralisée. Je ne connais pas suffisamment ce domaine pour savoir si nos recherches y seraient pertinentes. Mais, à lire ce que publient ces communautés, nous avons le sentiment qu'elles trouvent chez nous une inspiration plutôt que des algorithmes directement utilisables.
Une difficulté majeure, dès que l'on doit faire des chose "sérieuses" (transactions commerciales, domaine juridique...), c'est que les systèmes communautaires adaptatifs comme ceux que nous développons ne donnent pas de garantie de résultat. Dans ces environnements, un taux de réussite de 80% ou même 90% ne suffit pas.
Hebdo : Comment vivez-vous votre statut de chercheur français dans un laboratoire japonais ?
F.KL. : Notre position au sein de Sony est particulière : nous sommes un laboratoire de recherche fondamentale, sans objectifs liés à des produits. Notre rôle est d'avoir des idées nouvelles et d'en montrer la faisabilité sur des prototypes. Comme européens, nous sommes susceptibles d'avoir des idées qui peuvent compléter celles de nos collègues japonais. Tout particulièrement en matière de langage !
On trouvera les autres publications de Frédéric Kaplan sur le site de Sony.
Information communiquée par Armand Berger. On trouvera les détails de l'annonce sur le site du W3C, et, dans la version en ligne de SVM Mac, on pourra lire les commentaires circonstanciés de Christophe Lagane.
De plus, les candidats au prix seront considérés comme candidats à la nomination par l'Inria pour le prix Cor Baayen de l'Ercim, sous réserve de remplir les conditions de candidature à ce prix. Peut poser sa candidature tout étudiant ayant soutenu son doctorat d'Informatique entre le 01/10/2000 et le 31/09/2001.
Calendrier :
- 15 octobre 2001 : date limite de dépôts des candidatures,
- décembre 2001 : notification des résultats,
- 17-18 janvier 2002 : remise officielle du prix lors de l'Assemblée générale
de l'association.
Les dossiers de candidatures doivent être envoyés, en respectant les dates
ci-dessus :
Michel RIVEILL,
Prix de thèse Spécif,
École Supérieure en Sciences Informatiques,
930 route des Colles - BP 145
06903 Sophia Antipolis Cedex -- France
Le 12 juin dernier, la Direction de la technologie a reçu 117 projets qui ont répondu au deuxième appel à projets pour la constitution de campus numériques. Le nombre important de projets confirme l’engagement des établissements d’enseignement supérieur français à proposer une offre de formation diplômante ou créditante à distance ou sur mesure.
Après l’analyse des projets par un jury, 66 projets ont été retenus pour être en partie financés pour une étude de faisabilité (Niveau 1) ou bien pour réalisation (Niveau 2). 27 projets ont été retenus au niveau 1 et 39 au niveau 2.
Information communiquée par Diffusion Paris 7.
Dans l'enseignement scolaire :
- 70 millions de F supplémentaires pour l'équipement des écoles,
- 15 millions pour 75 projets de contenus numériques pédagogiques,
- création du Brevet informatique et Internet,
- réforme du Cned (Centre national d'enseignement à distance) et du CNDP
(Centre national de documentation pédagogique).
Dans l'enseignement supérieur :
- 70 millions de F pour différents
projets et notamment les campus numériques,
- serveur d'information
"formasup"
- développement de ressources multimédia dans les cursus de formation (Canal U,
Amphis de la 5eme, EducaSup).
Un tel livre donne aussi à réfléchir sur la réalité concrète de l'informatique, après bientôt 45 ans d'existence. Elle a beau s'industrialiser, se concevoir par composants, ne devenir opérationnelle qu'au terme d'un processus méthodologique aboutissant aux fourches caudines de multiples tests sinon de certificats... il faut toujours mille et une (pardon, 350) astuces pour qu'elle tourne.
On appréciera d'autant plus l'humour indirect d'un tel ouvrage que son auteur publie des livres de ce type depuis de nombreuses décennies. Il a commencé par le fer à soudé, continué avec l'informatique, et trouve toujours à s'employer utilement à l'époque du tout-Internet. Plus ça change...